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Entretiens

Human Being : le nouvel album de Laurent Sureau

Human Being : le nouvel album de Laurent Sureau
© Guillaume-Heraud-Photographe

Salut Laurent, pour ceux qui ne te connaissent pas, pourrais-tu te présenter ?

La musique fait partie de ma vie depuis le début. J’ai appris à lire et à écrire la musique en même temps que le français à l'école. Depuis mon enfance, je suis bercé par la musique car mes parents en écoutaient beaucoup et allaient souvent danser. 

Je restais des heures à observer les musiciens en train de jouer et je finissais souvent par m'endormir sur la scène …

J’ai débuté l’étude du piano dès l’âge de 6 ans, puis j’ai agrandi ma palette de couleurs par l’étude des percussions : classiques et contemporaines d’abord (timbales, vibraphone, …), ensuite les percussions de divers continents (les congas, le cajon, les balafons de l’Afrique de l’ouest), puis la batterie, le balafon chromatique, le hang.

Ma curiosité et ma soif de découvrir m’ont amené à m’exprimer à travers une musique sans frontière de style. Je ressens les esthétiques comme des palettes de couleurs me permettant de m'exprimer pleinement. Je n’hésite pas à travailler avec les musiques traditionnelles, improvisées, amplifiées, électroniques, pop, expérimentales et musique classique.

J’ai plaisir à mélanger tout ce que je sais, voguant entre le chant, les percussions corporelles, explorant le métissage avec le bagage très éclectique de mes expériences musicales. C’est à travers différentes rencontres tout au long de ma vie que je me suis construit une identité musicale très personnelle. C’est tout un cheminement parsemé de rencontres !

DEM, prix, diplômes d’état en formation musicale et percussions, certificat d’aptitude pour les musiques actuelles amplifiées valident mes études académiques, mais c’est hors des cases que je préfère agir et créer.

Le cursus académique du conservatoire (médaille d’or et DEM) m’a permis d’utiliser les musiques écrites. Les stages, master class, et voyages m’ont incité à utiliser les traditions orales et les musiques improvisées. Ainsi, j’ai su établir des passerelles entre les différents modes d’expression musicale.

La joie de partager et mon goût pour la nouveauté m’amènent à voyager et à me produire dans des formations aux esthétiques très différentes, et à accompagner des artistes dans leur projet sur scène et/ou en studio.

J’ai notamment travaillé dans OLOJi, TwinPan (duo avec Jérémy Nattagh), avec l’orchestre symphonique Tempo Primo, le quintette de cuivres Ars Nova, Le grand Rateau big band, Morgane Ji, Mayaëlo, Bill Banquise, Dine et Déon, Cordéone, Olivier Carole Ensemble, Doro’t, Sale Petit Bonhomme, Rauni, Siko, Imad Saleh, Nour,  Bebey Youla, Alama Kanté, Dave Golitin, Pablo Mendez, Matthieu Metzger, Thomas Grimmonprez, Christophe Lardeau…

En ce moment, je me produis sur scène en solo dans deux performances: “Unlimited” et mon nouvel album plus acoustique “Human being”, mais aussi avec le duo Owa avec Nadia Simon, et le projet Yellow (Owa et le quatuor à cordes Yüle).

Je suis aussi remplaçant dans le nouveau spectacle “Superamas” de Labulkrack et accompagne Toma Sidibé sur son spectacle “Globules d’air” .

Vous avez aussi pu me découvrir en 1ère partie de Ben l’Oncle soul, Lo’Jo, Faada Freddy, Susheela Raman, Sandra N’Kaké, Brigitte Fontaine, Mathieu Boogaerts, …

Pour moi, la musique est un langage, avec des manières d'être et de communiquer avec soi-même et le monde. C'est aussi un moyen très ancien et très subtil de se nourrir d'une certaine manière, de s'équilibrer, parfois même de se soigner grâce à certaines techniques vibratoires.

Faire de la musique, c'est pour moi créer un espace, un moment spécial et particulier.

A la manière d'un colibris qui fait sa toute petite part pour contribuer à un monde meilleur, c'est une façon d’offrir ce que je sais faire de mieux, de créer pour rendre plus beau, en toute simplicité sincérité et humilité.

La première fois que j'ai entendu parler d'un Hang, c'était en 2005 lorsque j'accompagnais des cours de danse d'Afrique de l'ouest au balafon. Les musiciens qui jouaient avec moi trouvaient que cet instrument bizarre m’irait bien ! Alors, je suis allé voir les premières vidéos sur le net et j’ai été subjugué par la vibration de l'instrument qui semblait venir d'ailleurs, rassemblant la mélodie et le rythme avec un son extrêmement doux et chaleureux.

Après la rencontre avec PANArt, les créateurs du hang, j’ai commencé à créer avec un instrument qui était au début comme une épice dans mon set de percussions. Je suis resté près de 9 ans avec cet unique instrument.

Musicien, j'étais habitué à jouer en groupe et en orchestres (du duo au symphonique), je pratiquais déjà le piano, les percussions comme le vibraphone, les balafons, la batterie et les percussions digitales ! J'avais le choix des notes avec beaucoup d'ambitus et de possibilités d'accords puisque mon système de compréhension musicale était chromatique.

Le Hang m'a obligé à revenir à l'essentiel, m'a recentré à chercher la matière sonore, le propos, l'émotion avec moins de notes...

Cet instrument m’a aussi permis de voyager à l'étranger et les rencontres ont souvent été fortes !

J'accompagnais des artistes sur scène et en studio, et ceux-ci me demandaient souvent un duo avec cet instrument et cela devenait un moment particulier sur scène, un moment suspendu, comme hors du temps ...

Et puis un matin, je me suis réveillé avec le souvenir d'un rêve de musique comme il m’arrive d'en faire... mais celui-ci était particulier, car j’avais le souvenir d'entendre une pièce de violoncelle de JS BACH avec le son de mon Hang !!

Alors, je ne pensais qu'à ça ! L'idée s'imposait dans ma tête et je me devais de trouver des solutions pour réaliser ce rêve ! Mais comment faire avec un Hang de 8 notes ?

8 années s’étaient déroulée depuis ma découverte de cet instrument... J’ai cherché et je me suis rendu compte que tout avait changé... PANArt ne me répondait plus et lorsque j’ai vu que d'autres fabricants existaient, je me suis empressé de leur écrire... sans réponse... J’ai réalisé qu'il existait des groupes sur les réseaux sociaux, et comprenais que des listes d'attente de 3 à 5 ans existaient, que des loteries donnaient le droit d'acheter un instrument très chers en coupant la file d'attente des listes, bref.... j’étais perdu !

Enfin, après un concert de Mayaëlo trio au Camji à Niort (un de mes groupes de l'époque avec qui j’ai enregistré 2 albums), j’ai appris que la première rencontre autour des handpans en France allait se passer près de Poitiers! J’ai pris contact, et j'ai enfin rencontré toute la communauté de l'époque !

J’ai même rencontré les futurs musiciens avec qui nous avons fondé des années plus tard le groupe OLOJi (2 albums, un double album et un EP).

Les fabricants ont été super ouverts après m'avoir écouté en concert et m’ont finalement proposé de passer à leur atelier pour tester des instruments... Et peu à peu , j’ai réussi à former le set qui m’a permis d'envisager de jouer le prélude pour violoncelle de JS BACH !

Aujourd’hui, je travaille exclusivement avec Baopan et Meraki Instruments pour réaliser mes instruments de concert et participe activement grâce à eux à l’évolution et à la facture de l’instrument.

Le handpan est un instrument modal, car il ne sonne pas bien lorsqu’il est accordé de manière chromatique. A la différence d'un instrument chromatique, il a moins de choix de gammes à sa disposition. Mais tout est relatif... Bref, il y a pleins de manières de créer de la musique, et la valeur qu'on lui donne est très subjective et culturelle.

J’ai volontairement sorti le handpan de son contexte modal pour jouer du Bach ou du Satie... J’ai voulu recréer ainsi un instrument chromatique avec plusieurs handpans qui n'en sont plus qu'un ! Certaines notes identiques sont répétées plusieurs fois à gauche ou à droite, ce qui me permet plusieurs possibilités d'enchaîner les phrases, peut les rendre plus faciles ou plus complexes... C'est comme si toutes les notes du piano étaient séparées et mélangées dans chaque handpans !

Au piano, avec la partition, je peux jouer assez rapidement car le clavier reste le même ! Mais, il m’a fallu environ 1 mois et demi pour trouver la bonne position des instruments pour pouvoir jouer et 1 mois pour l'apprendre par cœur !

C'est un exercice de style où il faut avoir la carte mentale bien présente à l'esprit!

Comment décrirais-tu ton style de jeu de handpan ?

C’est un peu difficile pour moi de traduire dans une autre langue que celle de la musique… mais je dirai que mon jeu a beaucoup changé au fil de ces 18 ans !

Parfois très percussif et ethnique (Mayaelo trio / OLOJi ), ou très mélodique sur des pièces du répertoire classique, mon jeu a évolué en étudiant des techniques de doigts inspirées des traditions de percussions digitales.

Il peut être aussi au service de chansons en accompagnement ou en contre chant, notamment dans le duo Owa et aussi dans le répertoire de Morgane Ji.

La persévérance, la patience sont des maîtres pour les musiciens… alors mon jeu continue de s’exprimer de multiples façons et parfois dans des signatures rythmiques particulières

Après la sortie de l’album “Human being”, je vous prévois quelques surprises avec la sortie de mon nouveau spectacle “Unlimited” en solo (avec des effets sur les handpans comme on le fait sur une guitare électrique, looper, synthé, pads, vocoder). Mon jeu explore une performance multi-instrumentale avec un show lumières très travaillé.

D’où vient ton inspiration pour composer toujours de nouvelles choses ?

Elle varie selon ce que je vis, les rencontres que je fais, les périodes que je traverse avec ces lots de joie, de tristesse, d'adaptation à des situations particulières …

Quels instruments as-tu utilisé sur cet album ?

J’ai d’abord joué les instruments que j’affectionne particulièrement, mais j’ai aussi souhaité réaliser et capter des découvertes en me challengeant à enregistrer des instruments que je découvrais seulement depuis quelques minutes. J’adore l’improvisation, sentir l’instant présent défiler au fur et à mesure.

J’adore jouer les Baopan de Franck et les Meraki Instruments de Jean-François qui sont les partenaires avec qui je travaille en particulier. Ils sont très présents dans cet opus, car leurs instruments sont des beautés! Leurs créations sont des objets d'inestimables explorations sonores pour moi !

Si cet album était une couleur, laquelle serait-elle et pourquoi ?

Je dirai le bleu nuit … Cette couleur est très présente en moi.

Quelle est l'histoire derrière le titre de l'album ?

Cet album propose des sensations auditives et décrit différentes manières d'être au monde.

Ainsi, plusieurs tableaux de moments particuliers qui semblent suspendus, expriment des émotions et explorent de nouveaux chemins.

La musique de cet opus décrit des expressions de vulnérabilité, de douceur, de force, de déception, d’espoir, d’Amour, de beauté, d’extase. Être humain … “Human being”.

Si tu pouvais choisir un lieu dans le monde où écouter ton album pour la première fois, où serait-ce et pourquoi ?

Cela doit être le lieu le plus beau et doit être choisi par chaque personne qui souhaite se mettre en contact avec son intérieur, pour explorer et vivre chaque instant d’écoute de qualité. 

Y a-t-il une chanson de cet album que tu imagines encore jouer dans 20 ans ? Laquelle et pourquoi ?

Il y a des morceaux qui ont un sens profond que je ne peux plus jouer pendant des années… et puis , un beau jour, je les explore de nouveau et je redécouvre un nouvel univers ! Difficile à dire !

Quelle chanson de cet album t'a posé le plus grand défi lors de sa création ?

Le prélude de JS BACH, sans hésiter !!!

Y a-t-il un rituel ou une habitude particulière que tu as adopté(e) pendant l'écriture ou l'enregistrement de cet album ?

Je n’ai pas de rituel particulier avant les concerts ou les enregistrements, si ce n’est de prendre un moment pour me centrer, afin de me mettre en contact avec moi-même et mon entourage de façon plus subtil, pour aller explorer quelque chose de plus grand que moi.

Si tu devais décrire cet album comme un voyage, de quel type de voyage s'agirait-il ?

C’est une exploration intérieure, un voyage à l’intérieur de soi.

Toutes les compositions et les improvisations sont enregistrées en direct comme des moments de concert, captés en vidéo simultanément et diffusés sur ma chaîne Youtube.

Après avoir réalisé quelques pièces du répertoire de la musique classique au handpan dans le premier album “Unlimited” (arrangements du prélude pour violoncelle BWV 1007 et de la Gymnopédie N°1 de Satie), j’ai souhaité que le prélude pour piano BWV 846 qui a donné l'ave Maria de Gounod ensuite, figure dans cet album dédié au handpan solo.

Les autres compositions me sont personnelles et traduisent des émotions et des sensations intenses.

“Tristecita” et “Feel blue” évoquent des moments à fleur de peau, où le chagrin est très fort.

“Flying” évoque le voyage de l’âme quittant le corps physique au moment d’un décès.

“Think”, “Hope” et “New dimension” illustrent des moments de réflexions sur l’Humanité et le sens de la vie. “Go forward” et “Perseverance” incitent de manières différentes à poursuivre sa quête lorsque que l’on rencontre des difficultés.

“Full energy” décrit l’énergie débordante de la nature au printemps.

“Play with the lines” met en musique les dessins des accords que forment les constellations de notes dans mon esprit lorsque je joue.

“Tonight” évoque l’énergie créative du soir, “Caress of the wind” l’extrême sensibilité du vent sur la peau. “The Abysses” a été enregistré en concert à La Hune (Saint Benoit - France) lors du festival Saint Benoit Swing. Il met en scène un des instruments les plus graves qui existent aujourd’hui dans la famille des handpans, réalisé par Meraki Instruments.

Quelle est la chose la plus inattendue qui t'a influencé(e) pendant la création de cet album ?

Le fait que 6 morceaux sur 14 sont des improvisations sur des instruments nouveaux ! Au départ, je pensais jouer plus de mes compositions. Et j’ai senti que quelque chose de nouveau devait émerger, alors j’ai suivi cette intuition et grâce aux nouveautés de Baopan que j’ai pu explorer, j’ai pu choisir les moments les plus particuliers pour créer cet album d’états d'Être, d’émotions à fleur de peau.

Comment espères-tu que les auditeurs se sentiront après avoir écouté l'album du début à la fin ?

Je leur souhaite d’ouvrir leur espace intérieur, d’explorer qui ils sont au plus profond d’eux-même grâce à ce support qui peut les y aider.

Quel est le meilleur conseil que tu as reçu pendant la création de cet album et de qui venait-il ?

De lâcher … souvenirs de Gudrun Comtat avec qui j’ai beaucoup appris sur moi-même.

Si cet album était un repas, quels en seraient les ingrédients principaux ?

C’est un repas … subtil ! Il y a beaucoup de manières de se nourrir.

Où pouvons-nous acheter ta musique ?

2 singles :

L’album :

https://bfan.link/human-being

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Human Being : le nouvel album de Laurent Sureau

Human Being : le nouvel album de Laurent Sureau
© Guillaume-Heraud-Photographe

Salut Laurent, pour ceux qui ne te connaissent pas, pourrais-tu te présenter ?

La musique fait partie de ma vie depuis le début. J’ai appris à lire et à écrire la musique en même temps que le français à l'école. Depuis mon enfance, je suis bercé par la musique car mes parents en écoutaient beaucoup et allaient souvent danser. 

Je restais des heures à observer les musiciens en train de jouer et je finissais souvent par m'endormir sur la scène …

J’ai débuté l’étude du piano dès l’âge de 6 ans, puis j’ai agrandi ma palette de couleurs par l’étude des percussions : classiques et contemporaines d’abord (timbales, vibraphone, …), ensuite les percussions de divers continents (les congas, le cajon, les balafons de l’Afrique de l’ouest), puis la batterie, le balafon chromatique, le hang.

Ma curiosité et ma soif de découvrir m’ont amené à m’exprimer à travers une musique sans frontière de style. Je ressens les esthétiques comme des palettes de couleurs me permettant de m'exprimer pleinement. Je n’hésite pas à travailler avec les musiques traditionnelles, improvisées, amplifiées, électroniques, pop, expérimentales et musique classique.

J’ai plaisir à mélanger tout ce que je sais, voguant entre le chant, les percussions corporelles, explorant le métissage avec le bagage très éclectique de mes expériences musicales. C’est à travers différentes rencontres tout au long de ma vie que je me suis construit une identité musicale très personnelle. C’est tout un cheminement parsemé de rencontres !

DEM, prix, diplômes d’état en formation musicale et percussions, certificat d’aptitude pour les musiques actuelles amplifiées valident mes études académiques, mais c’est hors des cases que je préfère agir et créer.

Le cursus académique du conservatoire (médaille d’or et DEM) m’a permis d’utiliser les musiques écrites. Les stages, master class, et voyages m’ont incité à utiliser les traditions orales et les musiques improvisées. Ainsi, j’ai su établir des passerelles entre les différents modes d’expression musicale.

La joie de partager et mon goût pour la nouveauté m’amènent à voyager et à me produire dans des formations aux esthétiques très différentes, et à accompagner des artistes dans leur projet sur scène et/ou en studio.

J’ai notamment travaillé dans OLOJi, TwinPan (duo avec Jérémy Nattagh), avec l’orchestre symphonique Tempo Primo, le quintette de cuivres Ars Nova, Le grand Rateau big band, Morgane Ji, Mayaëlo, Bill Banquise, Dine et Déon, Cordéone, Olivier Carole Ensemble, Doro’t, Sale Petit Bonhomme, Rauni, Siko, Imad Saleh, Nour,  Bebey Youla, Alama Kanté, Dave Golitin, Pablo Mendez, Matthieu Metzger, Thomas Grimmonprez, Christophe Lardeau…

En ce moment, je me produis sur scène en solo dans deux performances: “Unlimited” et mon nouvel album plus acoustique “Human being”, mais aussi avec le duo Owa avec Nadia Simon, et le projet Yellow (Owa et le quatuor à cordes Yüle).

Je suis aussi remplaçant dans le nouveau spectacle “Superamas” de Labulkrack et accompagne Toma Sidibé sur son spectacle “Globules d’air” .

Vous avez aussi pu me découvrir en 1ère partie de Ben l’Oncle soul, Lo’Jo, Faada Freddy, Susheela Raman, Sandra N’Kaké, Brigitte Fontaine, Mathieu Boogaerts, …

Pour moi, la musique est un langage, avec des manières d'être et de communiquer avec soi-même et le monde. C'est aussi un moyen très ancien et très subtil de se nourrir d'une certaine manière, de s'équilibrer, parfois même de se soigner grâce à certaines techniques vibratoires.

Faire de la musique, c'est pour moi créer un espace, un moment spécial et particulier.

A la manière d'un colibris qui fait sa toute petite part pour contribuer à un monde meilleur, c'est une façon d’offrir ce que je sais faire de mieux, de créer pour rendre plus beau, en toute simplicité sincérité et humilité.

La première fois que j'ai entendu parler d'un Hang, c'était en 2005 lorsque j'accompagnais des cours de danse d'Afrique de l'ouest au balafon. Les musiciens qui jouaient avec moi trouvaient que cet instrument bizarre m’irait bien ! Alors, je suis allé voir les premières vidéos sur le net et j’ai été subjugué par la vibration de l'instrument qui semblait venir d'ailleurs, rassemblant la mélodie et le rythme avec un son extrêmement doux et chaleureux.

Après la rencontre avec PANArt, les créateurs du hang, j’ai commencé à créer avec un instrument qui était au début comme une épice dans mon set de percussions. Je suis resté près de 9 ans avec cet unique instrument.

Musicien, j'étais habitué à jouer en groupe et en orchestres (du duo au symphonique), je pratiquais déjà le piano, les percussions comme le vibraphone, les balafons, la batterie et les percussions digitales ! J'avais le choix des notes avec beaucoup d'ambitus et de possibilités d'accords puisque mon système de compréhension musicale était chromatique.

Le Hang m'a obligé à revenir à l'essentiel, m'a recentré à chercher la matière sonore, le propos, l'émotion avec moins de notes...

Cet instrument m’a aussi permis de voyager à l'étranger et les rencontres ont souvent été fortes !

J'accompagnais des artistes sur scène et en studio, et ceux-ci me demandaient souvent un duo avec cet instrument et cela devenait un moment particulier sur scène, un moment suspendu, comme hors du temps ...

Et puis un matin, je me suis réveillé avec le souvenir d'un rêve de musique comme il m’arrive d'en faire... mais celui-ci était particulier, car j’avais le souvenir d'entendre une pièce de violoncelle de JS BACH avec le son de mon Hang !!

Alors, je ne pensais qu'à ça ! L'idée s'imposait dans ma tête et je me devais de trouver des solutions pour réaliser ce rêve ! Mais comment faire avec un Hang de 8 notes ?

8 années s’étaient déroulée depuis ma découverte de cet instrument... J’ai cherché et je me suis rendu compte que tout avait changé... PANArt ne me répondait plus et lorsque j’ai vu que d'autres fabricants existaient, je me suis empressé de leur écrire... sans réponse... J’ai réalisé qu'il existait des groupes sur les réseaux sociaux, et comprenais que des listes d'attente de 3 à 5 ans existaient, que des loteries donnaient le droit d'acheter un instrument très chers en coupant la file d'attente des listes, bref.... j’étais perdu !

Enfin, après un concert de Mayaëlo trio au Camji à Niort (un de mes groupes de l'époque avec qui j’ai enregistré 2 albums), j’ai appris que la première rencontre autour des handpans en France allait se passer près de Poitiers! J’ai pris contact, et j'ai enfin rencontré toute la communauté de l'époque !

J’ai même rencontré les futurs musiciens avec qui nous avons fondé des années plus tard le groupe OLOJi (2 albums, un double album et un EP).

Les fabricants ont été super ouverts après m'avoir écouté en concert et m’ont finalement proposé de passer à leur atelier pour tester des instruments... Et peu à peu , j’ai réussi à former le set qui m’a permis d'envisager de jouer le prélude pour violoncelle de JS BACH !

Aujourd’hui, je travaille exclusivement avec Baopan et Meraki Instruments pour réaliser mes instruments de concert et participe activement grâce à eux à l’évolution et à la facture de l’instrument.

Le handpan est un instrument modal, car il ne sonne pas bien lorsqu’il est accordé de manière chromatique. A la différence d'un instrument chromatique, il a moins de choix de gammes à sa disposition. Mais tout est relatif... Bref, il y a pleins de manières de créer de la musique, et la valeur qu'on lui donne est très subjective et culturelle.

J’ai volontairement sorti le handpan de son contexte modal pour jouer du Bach ou du Satie... J’ai voulu recréer ainsi un instrument chromatique avec plusieurs handpans qui n'en sont plus qu'un ! Certaines notes identiques sont répétées plusieurs fois à gauche ou à droite, ce qui me permet plusieurs possibilités d'enchaîner les phrases, peut les rendre plus faciles ou plus complexes... C'est comme si toutes les notes du piano étaient séparées et mélangées dans chaque handpans !

Au piano, avec la partition, je peux jouer assez rapidement car le clavier reste le même ! Mais, il m’a fallu environ 1 mois et demi pour trouver la bonne position des instruments pour pouvoir jouer et 1 mois pour l'apprendre par cœur !

C'est un exercice de style où il faut avoir la carte mentale bien présente à l'esprit!

Comment décrirais-tu ton style de jeu de handpan ?

C’est un peu difficile pour moi de traduire dans une autre langue que celle de la musique… mais je dirai que mon jeu a beaucoup changé au fil de ces 18 ans !

Parfois très percussif et ethnique (Mayaelo trio / OLOJi ), ou très mélodique sur des pièces du répertoire classique, mon jeu a évolué en étudiant des techniques de doigts inspirées des traditions de percussions digitales.

Il peut être aussi au service de chansons en accompagnement ou en contre chant, notamment dans le duo Owa et aussi dans le répertoire de Morgane Ji.

La persévérance, la patience sont des maîtres pour les musiciens… alors mon jeu continue de s’exprimer de multiples façons et parfois dans des signatures rythmiques particulières

Après la sortie de l’album “Human being”, je vous prévois quelques surprises avec la sortie de mon nouveau spectacle “Unlimited” en solo (avec des effets sur les handpans comme on le fait sur une guitare électrique, looper, synthé, pads, vocoder). Mon jeu explore une performance multi-instrumentale avec un show lumières très travaillé.

D’où vient ton inspiration pour composer toujours de nouvelles choses ?

Elle varie selon ce que je vis, les rencontres que je fais, les périodes que je traverse avec ces lots de joie, de tristesse, d'adaptation à des situations particulières …

Quels instruments as-tu utilisé sur cet album ?

J’ai d’abord joué les instruments que j’affectionne particulièrement, mais j’ai aussi souhaité réaliser et capter des découvertes en me challengeant à enregistrer des instruments que je découvrais seulement depuis quelques minutes. J’adore l’improvisation, sentir l’instant présent défiler au fur et à mesure.

J’adore jouer les Baopan de Franck et les Meraki Instruments de Jean-François qui sont les partenaires avec qui je travaille en particulier. Ils sont très présents dans cet opus, car leurs instruments sont des beautés! Leurs créations sont des objets d'inestimables explorations sonores pour moi !

Si cet album était une couleur, laquelle serait-elle et pourquoi ?

Je dirai le bleu nuit … Cette couleur est très présente en moi.

Quelle est l'histoire derrière le titre de l'album ?

Cet album propose des sensations auditives et décrit différentes manières d'être au monde.

Ainsi, plusieurs tableaux de moments particuliers qui semblent suspendus, expriment des émotions et explorent de nouveaux chemins.

La musique de cet opus décrit des expressions de vulnérabilité, de douceur, de force, de déception, d’espoir, d’Amour, de beauté, d’extase. Être humain … “Human being”.

Si tu pouvais choisir un lieu dans le monde où écouter ton album pour la première fois, où serait-ce et pourquoi ?

Cela doit être le lieu le plus beau et doit être choisi par chaque personne qui souhaite se mettre en contact avec son intérieur, pour explorer et vivre chaque instant d’écoute de qualité. 

Y a-t-il une chanson de cet album que tu imagines encore jouer dans 20 ans ? Laquelle et pourquoi ?

Il y a des morceaux qui ont un sens profond que je ne peux plus jouer pendant des années… et puis , un beau jour, je les explore de nouveau et je redécouvre un nouvel univers ! Difficile à dire !

Quelle chanson de cet album t'a posé le plus grand défi lors de sa création ?

Le prélude de JS BACH, sans hésiter !!!

Y a-t-il un rituel ou une habitude particulière que tu as adopté(e) pendant l'écriture ou l'enregistrement de cet album ?

Je n’ai pas de rituel particulier avant les concerts ou les enregistrements, si ce n’est de prendre un moment pour me centrer, afin de me mettre en contact avec moi-même et mon entourage de façon plus subtil, pour aller explorer quelque chose de plus grand que moi.

Si tu devais décrire cet album comme un voyage, de quel type de voyage s'agirait-il ?

C’est une exploration intérieure, un voyage à l’intérieur de soi.

Toutes les compositions et les improvisations sont enregistrées en direct comme des moments de concert, captés en vidéo simultanément et diffusés sur ma chaîne Youtube.

Après avoir réalisé quelques pièces du répertoire de la musique classique au handpan dans le premier album “Unlimited” (arrangements du prélude pour violoncelle BWV 1007 et de la Gymnopédie N°1 de Satie), j’ai souhaité que le prélude pour piano BWV 846 qui a donné l'ave Maria de Gounod ensuite, figure dans cet album dédié au handpan solo.

Les autres compositions me sont personnelles et traduisent des émotions et des sensations intenses.

“Tristecita” et “Feel blue” évoquent des moments à fleur de peau, où le chagrin est très fort.

“Flying” évoque le voyage de l’âme quittant le corps physique au moment d’un décès.

“Think”, “Hope” et “New dimension” illustrent des moments de réflexions sur l’Humanité et le sens de la vie. “Go forward” et “Perseverance” incitent de manières différentes à poursuivre sa quête lorsque que l’on rencontre des difficultés.

“Full energy” décrit l’énergie débordante de la nature au printemps.

“Play with the lines” met en musique les dessins des accords que forment les constellations de notes dans mon esprit lorsque je joue.

“Tonight” évoque l’énergie créative du soir, “Caress of the wind” l’extrême sensibilité du vent sur la peau. “The Abysses” a été enregistré en concert à La Hune (Saint Benoit - France) lors du festival Saint Benoit Swing. Il met en scène un des instruments les plus graves qui existent aujourd’hui dans la famille des handpans, réalisé par Meraki Instruments.

Quelle est la chose la plus inattendue qui t'a influencé(e) pendant la création de cet album ?

Le fait que 6 morceaux sur 14 sont des improvisations sur des instruments nouveaux ! Au départ, je pensais jouer plus de mes compositions. Et j’ai senti que quelque chose de nouveau devait émerger, alors j’ai suivi cette intuition et grâce aux nouveautés de Baopan que j’ai pu explorer, j’ai pu choisir les moments les plus particuliers pour créer cet album d’états d'Être, d’émotions à fleur de peau.

Comment espères-tu que les auditeurs se sentiront après avoir écouté l'album du début à la fin ?

Je leur souhaite d’ouvrir leur espace intérieur, d’explorer qui ils sont au plus profond d’eux-même grâce à ce support qui peut les y aider.

Quel est le meilleur conseil que tu as reçu pendant la création de cet album et de qui venait-il ?

De lâcher … souvenirs de Gudrun Comtat avec qui j’ai beaucoup appris sur moi-même.

Si cet album était un repas, quels en seraient les ingrédients principaux ?

C’est un repas … subtil ! Il y a beaucoup de manières de se nourrir.

Où pouvons-nous acheter ta musique ?

2 singles :

L’album :

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