Le blog accueille aujourd’hui Dan Mulqueen ! En fait, cet article est le premier d’une nouvelle série que MasterTheHandpan va diffuser : des interviews où l’on vous présentera des joueurs de handpan qui influencent notre communauté et qui régalent nos oreilles.
Ce sera l’occasion de découvrir certains d’entre eux pour la première fois et de faire mieux connaissance avec d’autres. Nous connaissons souvent les morceaux qu’ils jouent ou leurs albums, mais pas forcément les joueurs eux-mêmes.
C’est vraiment une grande joie pour moi de vous partager mon interview avec Dan Mulqueen. Quand je l’ai entendu jouer pour la première fois, j’ai trouvé son jeu tellement inspirant et rafraîchissant… j’ai adoré ! Dan est devenu depuis un bon ami avec qui j’apprécie énormément de papoter handpan…
Alors, Dan, est-ce que tu pourrais te présenter en quelques mots?
Salut, tout le monde : c’est Dan ! J’aimerais commencer par dire un grand merci à David de m’avoir proposé cette interview sur MasterTheHandpan. Un grand merci à toi aussi, lecteur/lectrice, de prendre le temps de lire cet article.
J’ai 27 ans. Je vis dans le New Jersey, aux États-Unis. Je suis tombé amoureux de la musique quand j’avais environ 10 ans. Mon père, qui est un grand fan de musique, m’avait offert à l’époque mon premier cours de batterie. J’ai grandi en écoutant des groupes et des musiciens comme Led Zeppelin, Jimi Hendrix, The Who et beaucoup de rock. C’est pourquoi j’ai toujours voulu jouer de la batterie.
Après plusieurs années de cours et de jam avec d’autres musiciens de mon quartier, j’ai commencé à jouer dans différents groupes, et j’y prenais un grand plaisir.
Au fil des années, je me suis essayé à différents styles : rock, metal, hip-hop, jazz, blues, latino, hardcore, électro, reggae, et bien d’autres. J’ai toujours aimé mélanger ces différentes influences et ces différents styles de jeu de batterie pour essayer de pondre des « trucs qui changent », vous savez, genre un break latino sur une chanson reggae ou un roulement de métalleux sur de l’électro. Grâce à ces différents groupes et ces différents styles, j’ai appris à jouer de divers instruments, puis je me suis découvert une passion pour la production musicale.
C’est grâce à toutes ces expériences que je me suis créé mon propre style, un style qui ne se limite pas à un seul jeu. J’aime la fusion et j’adore pouvoir créer et produire mes propres sons et chansons.
Comment as-tu découvert le handpan?
J’ai découvert le handpan sur YouTube en 2007 en visionnant la vidéo « “Music for Hang” video promo 1 » de Davide Swarup. J’ai été complètement scotché par les sonorités de l’instrument. Quelques clics plus tard, je suis tombé sur la vidéo « Mono Desire » de Manu Delago et j’ai été totalement bluffé. J’ai halluciné de voir cet artiste combiner le rythme, la mélodie, des lignes de basse, des éléments percussifs, des breaks de batterie sur le handpan, et encore mille autres choses. C’était fou ! J’ai été immédiatement attiré par le son de cet instrument et toutes les possibilités qu’il offre. Le fait de pouvoir créer à la fois des rythmes et des mélodies sur un même instrument, posé sur les genoux, c’était exactement ce qu’il me fallait.
La première fois que j’ai touché un handpan, c’était fin 2007, sur un Hang de première génération (une gamme Pygmy en sol), puis un Hang de deuxième génération (un 8 notes avec une gamme en ré mineur). Donc, après des mois de visionnage de vidéos et de recherches sur Internet, je posais enfin mes mains sur cet instrument pour la première fois de ma vie. Qui plus est, sur des handpans de grande qualité. Avant cela, j’avais retrouvé une vieille cymbale que je n’utilisais plus et j’avais collé huit autocollants sur le pourtour afin de commencer, déjà, à pratiquer mes gammes et certains mouvements du poignet que j’avais remarqués en regardant les vidéos.
Après avoir joué sur ces deux Hang de chez PANArt, j’ai reçu mon premier handpan de Marco Della Ratta, en Italie. Je l’ai tout de suite adoré. J’en ai joué tous les jours pendant des heures, même si ce n’était pas un instrument de la meilleure qualité.
J’étais déterminé à réussir à sortir les mêmes sons que ceux que j’avais entendus lors de mes recherches en ligne. Depuis que je joue de la batterie, je n’ai jamais essayé de me trouver des excuses : si je joue mal, je considère que c’est ma faute ; ce n’est pas lié à la qualité de mon instrument. J’ai toujours pensé qu’un bon batteur pouvait sortir de bons sons de sa batterie ou de sa cymbale, même si elle est de mauvaise qualité. Pourquoi est-ce que ce serait différent avec le handpan ?
Qu’est-ce qui te plaît le plus dans le handpan?
J’apprécie vraiment la liberté que le handpan apporte à l’expression musicale et à la composition. Quand je joue, si je suis en train de travailler sur une nouvelle mélodie et que je veux entendre une ligne de basse ou une caisse claire à un certain moment, je n’ai pas besoin d’attendre qu’un batteur ou un bassiste joue avec moi… Je peux simplement réajuster mon pattern pour obtenir ce son de « caisse claire » et cette « ligne de basse » tout en utilisant mes breaks de batterie quand le morceau le permet. J’aime savoir que les seules vraies limites de l’instrument sont les miennes propres. Je crois qu’avec suffisamment de pratique et de composition, si vous entendez une mélodie dans votre tête, vous pourrez la reproduire d’une manière ou d’une autre sur un handpan… que ce soit incroyablement compliqué ou magnifiquement simple.
Si tu étais perdu sur une île déserte avec un seul handpan, quelle gamme choisirais-tu?
Ah… c’est un choix difficile ! En ce moment, je n’arrive pas à décrocher de mon Aegean en ré… mais la gamme F Integral a toujours été l’une de mes favorites, quel que soit le handpan.
Décris-nous ton style de jeu au handpan.
Mon style au handpan est plutôt très rythmé, avec une grande variété de flames et de chops que je construis autour de mélodies bien pensées et d’accords structurés. (Personnellement, je pense qu’il est essentiel pour un musicien d’élaborer son propre style… évidemment, on est toujours influencé par d’autres joueurs, mais je crois que, pour progresser, il faut pouvoir créer son propre style, que ce soit pour jouer du handpan ou de la musique en général.) Je produis également beaucoup de beats pour accompagner le handpan. J’utilise des lignes de basse très profondes et des rythmes de batterie glitchy, avec des cloches et des sifflets. Je pense que tout ce que je mets en œuvre pour composer mes morceaux m’aide aussi à créer un style singulier, qui n’appartient qu’à moi.
Si rien de ce que je fais ne se distingue des autres joueurs et musiciens, j’ai l’impression que je finis par me fondre dans la masse… C’est pour cela que je m’efforce chaque jour de trouver de nouvelles inspirations et de jouer la musique que j’aime vraiment. J’espère que mon style et mes compositions plaisent à quelques personnes =)
Sur quel handpan joues-tu en ce moment?
Actuellement, je joue sur des Aura, des Ayasa, des SPB et des handpans de Jan Borren.
Pourrais-tu nous décrire le nouvel album que tu viens de sortir? Quelles en sont l’atmosphère et les influences? As-tu inclus d’autres instruments? Avec qui joues-tu sur l’album?
OUI !!! L’album est enfin terminé. Il s’appelle Handwriting et il est sorti le 6 avril 2018. Le travail a pris un peu plus d’un an. Je suis vraiment heureux du résultat final.
Il s’agit d’un double album comportant un premier disque avec tous les morceaux accompagnés de beats, lignes de basse, guests, etc., et un second disque présentant les mêmes morceaux en version solo, tels que je les ai composés à l’origine.
On y retrouve, en guests, Jeremy Diffey (sur le morceau « Levels »), Leanna Padalino (« Losing Myself ») et Marion Boivin (« Stone in my Chest »).
La composition varie beaucoup d’un morceau à l’autre, mais dans la plupart d’entre eux, la basse, profonde, est très présente… J’adore utiliser des sons type contrebasse ou bien des sons de basse très faibles en fréquence, qu’on ressent plus qu’on ne les entend. J’ai inclus beaucoup de patterns percussifs très minimalistes, avec quelques éléments glitchy/trip-hop çà et là. Il y a aussi pas mal de sons de piano électrique/Rhodes.
Comment composes-tu ? As-tu une méthode ou des idées à partager avec nous?
Je compose de multiples façons, mais pour cet album, tous les morceaux sont nés de compositions solo sur mon handpan, à partir et autour desquelles j’ai ensuite élaboré les beats, les lignes de basse et autres ajouts.
Quel est ton morceau préféré, et pourquoi?
Eh bien, je suis super content de tous les morceaux de cet album, mais si je devais faire un top 3 ex æquo, je choisirais « Levels », « Unicycle » et « Home », chacun pour des raisons différentes.
Sur « Levels », on retrouve Jeremy Diffey à la clarinette basse. C’est l’un des morceaux que j’aime le plus jouer en solo au handpan. Si on ajoute à ça l’incroyable talent et la touche très personnelle de Jeremy, cela le place dans mon top 3 sans aucune hésitation.
J’aime aussi beaucoup « Home » parce que c’est un morceau vraiment très fun. C’est l’un des plus techniques de l’album. On entend bien les parties techniques sur la version solo (disque 2). Mais ce morceau est encore plus fun dans sa version élaborée, avec sa touche très électro, ses lignes de basse et le break de fin. C’est un son très nouveau pour moi, mais j’apprécie vraiment le rendu final.
« Unicycle » est aussi l’un de mes morceaux préférés pour plusieurs raisons. Tout d’abord, j’aime énormément sa simplicité technique. J’entends souvent des gens me dire « j’adore tes breaks », « tes patterns ont une sacrée présence » ou encore « tes enchaînements sont si rapides ! ». Ces remarques sont super agréables à entendre et je les apprécie. Mais je pense parfois que mes mélodies ne sont pas si spéciales. Pour moi, la mélodie lente de ce morceau se distingue vraiment des autres. J’ai eu de très bons retours du public en live ainsi que sur la version enregistrée que j’avais envoyée à quelques amis. Je m’efforce toujours d’être bien équilibré dans mon jeu et dans mes compositions. Je pense qu’il est important de réussir à créer un morceau lent et simple, sans breaks improbables ou trop puissants, mais qui réussit à captiver tout aussi bien celui qui l’écoute.
Je tiens aussi beaucoup à ce morceau pour le message qu’il contient. Je l’ai composé très peu de temps après le décès d’un ami, parti bien trop tôt. Sa mort me rappelle constamment combien la vie est courte et que chaque moment compte. Quand je joue ce morceau, je pense à mon ami et aux autres personnes que j’ai perdues, et à tout le temps que j’ai pu passer avec eux quand ils étaient encore parmi nous. Je pense aussi à ma famille et aux amis que j’ai la chance d’avoir dans ma vie. Chaque instant passé avec eux est spécial. Peu importe comment l’on se sent. Quand je joue ce morceau, j’invite toujours les gens à penser à quelqu’un qui leur manquerait s’il n’était plus là ou à une relation qu’ils aimeraient enrichir. Parfois, nous oublions de nous souvenir des choses les plus importantes de notre vie. Alors, quand je joue ce morceau, j’essaie de rappeler aux gens qu’il ne faut pas oublier ces choses… même si ce n’est que pendant trois minutes.
As-tu des histoires amusantes ou des anecdotes à nous raconter sur l’enregistrement ou la réalisation de cet album?
Mon home studio est situé dans mon appartement – j’habite dans un immeuble. C’est bien isolé… mais je peux quand même entendre mes voisins. Plusieurs fois il m’est arrivé de devoir arrêter un enregistrement, alors que j’avais déjà mis en boîte 75, 80 % du morceau, à cause de bruits indésirables : une douche, une chasse d’eau, un enfant qui court dans l’appartement d’à côté ou une mère qui crie à son enfant d’arrêter de courir ! Après plusieurs tentatives infructueuses, j’ai décidé d’enregistrer le soir, quand tout le monde dort. C’est amusant de penser que TOUS les morceaux de cet album ont été enregistrés entre 2 heures et 5 heures du matin. Sur certaines prises réalisées au tout début de l’enregistrement, on peut entendre mes voisins, c’est assez marrant.
À part ça, les seules pauses que je faisais, c’était pour manger et regarder des films de kung-fu… J’ai regardé BEAUCOUP de films de kung-fu au cours des sept derniers mois !
Nous sommes également tous intéressés (puisque c’est un blog de handpan) par ton matériel d’enregistrement pour le handpan. Tu veux bien nous le présenter?
Bien sûr ! Dans l’ensemble, c’est un matériel assez basique. J’ai parfois essayé d’utiliser 6 à 8 micros sur mes handpans (pour la plupart des morceaux de l’album, je n’ai utilisé que deux micros à la fois), mais j’ai constaté que j’obtenais de meilleurs résultats en n’en utilisant que 3 ou 4. C’est pour cela que je me suis servi d’un RE-20 pour capturer le punch du handpan, deux overhead Rode NT5, ainsi qu’un Neumann U87 suspendu au-dessus de l’instrument. J’ai aussi utilisé un Shure SM7B pour capturer certains sons claqués « Tak » plus spécifiques, ainsi que certains sons d’ambiance.
Où peut-on acheter ton album ?
L’album est disponible partout en ligne (iTunes, Bandcamp, Spotify, etc.) depuis le 6 avril !
As-tu un site Internet? une page Facebook?
Voici mon site Web : www.DanMulqueen.com
Et voici ma page Facebook : www.facebook.com/DanMulqueenMusic
Où pouvons-nous retrouver l’ensemble de tes albums?
Le meilleur endroit pour entendre mes albums, c’est Bandcamp !
www.danmulqueen.bandcamp.com
Merci, Dan, d’avoir partagé avec nous ta musique et ta passion pour le handpan. Je suis sûr que ce nouvel album aura beaucoup de succès et sera une source d’inspiration pour beaucoup d’entre nous. Merci pour tout ce que tu apportes au monde du handpan. Ciao, Bro !