Salut à tous, voici un entretien avec l'incomparable Josh Rivera !
Salut, mon pote! Comment ça va? Bienvenue au MasterTheHandpan blog! Peux-tu te présenter, s’il te plaît?
Bonjour, David ! C’est un honneur pour moi de faire partie du MasterTheHandpan blog ! Merci pour tout ce que tu as donné au monde du handpan.
Alors… Ma femme Marie et moi avons déménagé de Minot, dans le Dakota du Nord, à Asheville, en Caroline du Nord, pour rejoindre Saraz Handpans en décembre 2014. Sa famille est dans l’agriculture depuis des générations dans le Dakota du Nord, elle a été élevée là-bas depuis sa naissance. Ma famille y est arrivée en 1994 car mon père était militaire. Elle et moi sommes amoureux depuis le lycée et nous sommes sur le point de fêter nos quatorze ans de mariage ! Nous venons enfin d’acheter une maison, il y a deux mois, en Caroline du Nord, avec suffisamment d’espace pour mon atelier et du terrain pour passer du bon temps. Nous espérons avoir bientôt des ruches. Marie aura tout l’espace nécessaire pour créer son jardin et nos deux chiens sont heureux de quitter la ville. Je suis aussi passionné de skateboard et je vais construire une rampe sur le terrain dans les semaines à venir. Nous sommes ravis d’être ici ! Il y a de nombreuses cascades, des montagnes, de la bonne bouffe, de la bonne bière et le meilleur des cidres. Plus jeune, je n’aurais jamais imaginé que la Caroline du Nord était si merveilleuse. Maintenant, je me vois mal habiter ailleurs.
Quand as-tu commencé à jouer du handpan? Comment as-tu découvert cet instrument?
Je l’ai découvert en 2006, un PANArt de seconde génération sur YouTube. C’étaient les débuts de YouTube à l’époque et j’étais bluffé par les joueurs de tablas. Après avoir passé des heures dans l’univers des percussions occidentales et avoir appris à jouer du darbuka et des tablas, j’ai vu un joueur de tablas jouer du handpan. Il me semble qu’il s’appelait Gupreet Chana. J’ai tout de suite eu un vrai coup de cœur. Durant toute la semaine qui a suivi, j’ai cherché à tout connaître de l’instrument dans l’intention d’en acquérir un dès que possible. Il m’est rapidement apparu que c’était très difficile d’en avoir.
J’ai ensuite découvert le forum Handpan.org – qui avait un autre nom à l’époque. Grâce aux merveilleuses rencontres que j’y ai faites, j’ai fait la connaissance de Ron Kravitz qui m’a présenté Dave Kaetz. Dave voyageait à Berne (le berceau du hang®) et rendait service aux anglophones qui s’y rendaient lors des portes ouvertes de PANArt. En échange, David a eu le privilège de ramener plusieurs instruments pour les vendre à ses proches. Je me souviens de lui avoir envoyé un e-mail pour lui demander si je pouvais être ajouté à sa liste d’acheteurs. Trois minutes plus tard, il m’appelait ! Il lui restait une place sur sa liste et je devais régler, à l’instant, la somme à une adresse en Suisse. Franchement, j’ai cru que je me faisais avoir et que quelqu’un essayait juste de profiter de moi. Non seulement j’étais inquiet d’avoir acheté, de cette façon-là, un instrument que je connaissais à peine, mais en plus j’avais envoyé de l’argent à une personne inconnue dans une ville inconnue…
Malgré tout ça, je l’ai quand même fait. Ah ah ! Trois mois plus tard, l’instrument est arrivé chez moi. Il me semble que c’était la dernière année où ils expédiaient des instruments. Entre le moment où j’avais découvert le hang® et celui où j’en ai eu un sur mes genoux, il ne s’était écoulé que trois mois, chose incroyable à cette époque. La chance et le destin ont joué leur rôle. Depuis, le hang® et le handpan m’ont ouvert de nombreuses portes et ont beaucoup influencé ma vie actuelle.
Dis-nous-en un peu plus sur ton travail au sein de l’équipe Saraz…
Sachant qu’il n’y avait qu’une personne, Kyle Cox, à qui je faisais confiance pour l’accordage de mon hang®, j’ai commencé à réfléchir à la possibilité d’apprendre à accorder. C’était une idée que j’avais en tête sans être allé jusqu’au bout. Lors d’une édition du Handpangea à Gerton (Caroline du Nord), j’ai rencontré Colin Foulke, qui commençait tout juste à apprendre à accorder. Il a été le premier à me faire croire que j’aurais aussi les capacités d’apprendre. Suite à une discussion avec lui, il a semé le premier l’idée en me disant : « Tu as l’air de quelqu’un qui adorerait apprendre à accorder. »
Ce même week-end, il y avait aussi un autre fabricant émergent : Mark Garner. C’était juste avant qu’on n’en voie apparaître un nombre impressionnant. Après avoir longuement discuté avec lui, il m’a sorti pratiquement la même chose : « Tu as le profil de quelqu’un qui aimerait accorder. » Donc, deux fois dans le week-end, la même idée germait dans mon esprit. Je suis retourné chez moi dans le Dakota du Nord et je ne pouvais pas m’empêcher de repenser à leurs paroles. Après avoir réfléchi et parlé avec Marie, nous avons décidé que je fermerais mon studio d’enregistrement à la maison pour consacrer mon temps libre à l’apprentissage de l’accordage. À la base, j’avais l’intention d’apprendre à accorder pour pouvoir entretenir mes propres instruments et peut-être d’autres, une fois que j’aurais les compétences nécessaires. Apprendre à accorder nécessite de savoir comment fabriquer.
Colin et Mark m’ont consacré beaucoup de temps et ont été pour moi des mentors. J’ai passé l’année suivante à bomber et former environ 17 tonneaux en acier à la main, avec l’aide d’un gros maillet en bois. Les tonneaux que j’ai pu avoir étaient d’une épaisseur de 1,4 millimètre ! Je me suis lancé sans savoir que la plupart des handpans sont entre 1 et 1,2 mm. C’était vraiment très difficile !! J’ai réussi à en accorder quelques-uns et j’ai gardé le deuxième dans mon atelier pour me rappeler, les mauvais jours, que si j’avais été capable de m’en sortir avant, je pouvais encore le faire aujourd’hui. Quelque temps après, peut-être au 15e tonneau sur lequel je travaillais, j’ai passé une semaine chez Mark et il m’a donné la chance d’accorder l’une de ses coques ratées. Après l’avoir collée, nous avons été surpris de constater que l’instrument sonnait bien ! Nous avons donc décidé que je devais revenir une nouvelle fois pour une semaine afin de voir jusqu’où on pourrait aller. Suite à ma seconde visite, Mark m’a proposé un poste d’accordeur dans l’équipe Saraz. Après avoir vécu dans le Dakota du Nord pendant vingt ans, nous avons déménagé à Asheville trois mois plus tard. Ça tombait bien, car Mark était blessé au dos, j’ai dû me lancer et commencer à accorder tout de suite. Cela fait maintenant trois ans que je travaille là-bas et j’ai accordé plus de 300 handpans Saraz.
Dis-nous-en un peu plus sur www.riverasteeltuning.com… Quand et comment as-tu décidé de proposer ce service?
C’est intéressant parce que c’était comme si je revenais à mon idée d’origine : celle de proposer un service d’entretien et de réaccordage pour les hangs® et les handpans. Pendant cette période chez Saraz, j’allais souvent à des festivals où je voyais d’autres accordeurs très accomplis qui proposaient le réaccordage des instruments. Je les observais de près et appréciais de voir la transformation d’un instrument, ainsi que les sourires suite au succès de l’entreprise. J’ai commencé par réaccorder mes propres instruments, bien sûr : mon hang® de première génération et un des premiers Halo, puis, ensuite, mon BEllArt. Par la suite, j’acceptais de temps à autre des demandes de réaccordage. Je me suis rendu compte que travailler sur les créations d’autres fabricants me plaisait énormément, c’était très enrichissant.
Avec le nombre de fabricants qu’il y a aujourd’hui, le nombre d’instruments dans le monde entier a augmenté de façon impressionnante. Pourtant, la plupart des accordeurs accomplis se concentrent sur le développement de leurs propres créations et consacrent peu de leur temps au travail supplémentaire du réaccordage des instruments d’autres fabricants. Donc, d’année en année, j’ai reçu de plus en plus de demandes de réaccordage. Puisque je travaille principalement pour Saraz, je me retrouve à consacrer plus de temps au réaccordage d’une grande variété d’instruments que la plupart des fabricants.
J’ai lancé Rivera Steel Tuning non seulement pour me permettre de proposer ce service qui est très demandé, mais aussi dans l’idée de continuer à développer ma compréhension de la façon dont ces instruments sont construits. Avec autant de fabricants et de méthodes variées, il y a beaucoup à apprendre dans chaque exemple d’acier, ce qui m’a aidé à acquérir différentes techniques.
Qu’est-ce qui te plaît le plus dans l’accordage?
Ce qui me plaît le plus, c’est l’élément de « chaos contrôlé ». Alors que chaque coup de marteau a une intention, on ne sait pas toujours quel sera le résultat immédiat. Mais, avec chaque mouvement de balancier, le métal donne un indice quant à ce qu’il veut devenir, où lui donner des coups, avec quelle force, etc. Ça devient une sorte de jeu. En revanche, les règles sont changeantes, alors il est très important de savoir s’adapter et d’être prêt à penser hors de ses habitudes en ce qui concerne l’accordage. Cet état d’esprit est essentiel lorsque je travaille sur un instrument créé par un autre fabricant. Il y a tant de façons de faire chanter une note. Examiner visuellement et donner des coups légers sert à me guider dans mon approche quand j’accorde. Je suis quelqu’un qui s’ennuie très vite. En accordant les instruments de différents fabricants, je n’ai jamais l’occasion de m’ennuyer puisque ça demande énormément de concentration et d’analyse critique. C’est à la fois flippant et passionnant, c’est pourquoi je trouve ça si dynamique. De plus, prendre un instrument au son désagréable et le transformer de manière à ce qu’il sonne bien est très gratifiant !
Quelles sont les choses qui peuvent te poser problème?
Il y en a un paquet ! Par exemple, il faut comprendre comment le métal a été formé au départ. Qu’il soit pressé, roulé, bombé à la main, hydroformé ou tourné, en 1 ou 1,2 mm, tout cela détermine la technique d’accordage à employer, car chaque méthode étire et détend le métal de manière différente selon l’endroit travaillé. La façon dont les bords ou limites des notes sont formés est aussi une clé. Certains instruments sont considérés « sans bords » tandis que d’autres ont des limites très définies. L’une des demandes les plus courantes que je reçois de la part des fabricants par rapport à l’accordage de leurs instruments est « ne touche pas les bords ». Donc, en accordant un instrument, il est très important de bien comprendre comment la note doit être accordée pour cet instrument précisément, car la mauvaise technique peut changer sa nature acoustique en un son très désagréable.
Un autre défi est de se retrouver face à un instrument qui doit être rouvert avant de pouvoir faire mon travail. Quand quelqu’un m’envoie un instrument avec des bosselures, ou que la colle a détérioré, ça demande beaucoup de travail pour le réparer. Bien que cela représente un défi, et que ce soit la chose qui fait le plus peur en travaillant sur un instrument, c’est généralement très gratifiant une fois achevé. Peu de choses me plaisent autant que de recevoir un instrument qui est endommagé et désaccordé, et réussir à le refaire chanter. Voir le visage des gens quand ils rejouent de leur handpan après le réaccordage est inestimable !
Alors, comment fait-on si on a un instrument qui est désaccordé?
C’est tout simple ! Du moins pour le propriétaire de l’instrument. Il y a un formulaire sur mon site Web demandant les détails qui m’aideront à donner un devis plus précis concernant le travail requis et le coût. Souvent, je préfère demander une petite vidéo, même filmée avec un téléphone portable, de toutes les notes jouées une par une. Cela m’aide à déterminer exactement le travail que j’aurai à faire. Une fois le devis envoyé, le client peut soit expédier l’instrument, soit attendre de me rejoindre à l’un des festivals où il se rendra ou qui a lieu près de chez lui. J’ai également un programme de festivals, sur mon site. Je filme toujours une vidéo « avant et après » pour montrer le travail qui a été fait. Une fois que la vidéo a bien été réceptionnée, j’expédie l’instrument après avoir reçu le paiement. Voilà !
De mon côté, pour un accordage standard, généralement je garde l’instrument plusieurs jours après pour m’assurer qu’il est stable. Il se peut qu’un instrument nécessite plusieurs accordages avant d’être effectivement stable. Tout dépend de la façon dont il a été fabriqué et des compétences du fabricant. En ce qui concerne un instrument endommagé, si je dois l’ouvrir pour pouvoir travailler dessus, cela peut prendre quelques semaines car la colle met du temps à sécher. Les handpans endommagés auront certainement besoin de plusieurs accordages avant d’être assez stables pour être renvoyés.
Quels marteaux et tuners utilises-tu?
Pour la plupart, j’utilise encore le premier marteau que j’ai acheté et formé. C’était un marteau à panne ronde, à 12 dollars, que j’ai acheté à la quincaillerie du coin et que j’ai formé et reformé au moins une douzaine de fois. La mémoire procédurale et le confort jouent un rôle très important dans l’accordage. Cela dit, si je perdais ce marteau, je serais bien triste !
J’ai aussi des marteaux spécialisés que, selon les contours, j’emploie pour des techniques spécifiques. L’un d’entre eux, que j’aime beaucoup, a été fait par Jimmy James. Pour plusieurs raisons, je préfère celui-là pour accorder les partiels aigus, car ça aide à les faire ressortir quand la note est étouffée. J’utilise aussi des marteaux de Rhythmical Steel, surtout pour le travail interstitiel. J’ai un gros maillet en bois que je sors rarement pour l’accordage, sauf s’il y a l’ouverture à travailler. Enfin, un beau marteau à tête plate de Pantheon Steel, que j’utilise pour les notes les plus larges ou pour accorder un instrument qui a été ouvert et fixé dans les anneaux.
Je serais complètement perdu sans GTune et LinoTune ! Les deux combinés m’offrent une incroyable précision et exactitude dans l’alignement des fréquences. Après cinq ans, je n’ai besoin d’aucun autre logiciel.
Du coup comment peut-on te contacter?
Site Web : www.riverasteeltuning.com
E-mail : riverasteeltuning@gmail.com
David : Ouah ! Je te remercie, mon pote ; j’aurais encore des tonnes de questions, mais y aurait de quoi écrire un livre 😀
Merci d’avoir partagé ta passion pour le handpan et tes bons sons avec nous. Passe bien le bonjour à ta femme de ma part.
À la prochaine!