Salut à tous ! Aujourd’hui, je voudrais partager avec vous mon interview d’un fabricant très expérimenté et de sa superbe équipe. J’ai rencontré Ezahn pour la première fois en 2011, quand il travaillait encore dans un tout petit sous-sol.
À l’époque, hormis PANArt, les fabricants de handpans se comptaient sur les doigts de la main. Alors, dès que j’ai appris qu’il existait quelqu’un d’autre sur Terre qui fabriquait cet instrument tel qu’on le connaît aujourd’hui, j’ai sauté dans ma voiture et je suis allé rendre visite à Ezahn. Puis j’ai découvert les handpans AsaChan d’EchoSoundSculpture… quel bonheur !
J’aimerais donc vous présenter l’incroyable équipe d’EchoSoundSculpture.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vous, les gars?
Ezahn : Je viens de Thaïlande, mais j’habite en Suisse depuis 2009, l’année où je me suis marié avec ma femme suisse. J’ai eu mon diplôme à l’université des arts à Silpakorn, à Bangkok en Thaïlande, et je suis passionné d’art, de design, de musique et de bonne cuisine. J’ai toujours rêvé de devenir un jour luthier, et je pensais vouloir fabriquer des guitares. Mais le destin m’a amené à marteler l’acier plutôt que de poncer des caisses en bois.
Valerio : J’ai commencé à jouer du handpan en 2012. Fin 2015, suite à un concert à Paris, j’ai décidé d’apprendre à accorder et j’ai eu la chance de rencontrer plusieurs fabricants de handpans qui m’ont appris beaucoup de choses. C’est là que j’ai fait la connaissance d’Ezahn, avec qui je travaille maintenant. Depuis l’enfance, la musique a toujours joué un rôle très important dans ma vie – avant de me mettre au handpan, j’ai joué de la batterie pendant une dizaine d’années. Je suis diplômé en sciences politiques à l’université de Turin. J’habite à Lenzburg, en Suisse, mais j’ai grandi à Pinerolo, en Italie.
Flavio : Je suis né au Brésil en 1980. Je suis venu en Suisse en 2013 puis, quelques mois plus tard, j’ai commencé à travailler avec Ezahn dans le sous-sol de notre maison. Depuis huit ans, j’étais éditeur vidéo pour une émission de musique télévisée à São Paulo, mais c’est lorsque je me suis retrouvé avec un marteau dans la main que j’ai su ce que je voulais vraiment faire dans la vie.
Qu’est-ce qui vous a amenés à fabriquer des handpans?
Ezahn : Avant que je commence à fabriquer des handpans, j’étais artiste de métier (aux Beaux-Arts) et musicien à Bangkok en Thaïlande. En 2008, je me suis installé en Suisse. J’ai toujours été très intéressé par l’artisanat et j’ai commencé à fabriquer l’AsaChan en 2010. Quand j’habitais en Thaïlande, je rêvais de fabriquer des guitares, mais la vie m’a conduit sur un chemin différent et inattendu. Un jour, en 2008, j’ai vu quelqu’un jouer du handpan dans la rue, en Suisse. J’ai vraiment adoré le son et je pensais que le musicien avait fabriqué lui-même son instrument. Une fois rentré chez moi, j’ai pris le wok que j’utilisais tous les jours pour cuisiner des plats thaïlandais et je me suis mis à donner des coups de marteau pour former une note. Pour le coup, ce n’était pas génial. Depuis, je suis beaucoup plus sérieux dans mon travail et c’est devenu une réelle passion.
Valerio : En tant que joueur de handpan, j’ai fait, durant trois ans, une tournée de plus de 200 concerts dans 13 pays différents. Cela m’a beaucoup fatigué et j’ai donc décidé de prendre un peu de repos mais, en même temps, il me semblait naturel de continuer à contribuer à la communauté du handpan en devenant fabricant. Alors je me suis lancé.
Flavio : Quand je suis arrivé en Suisse, je souhaitais changer de carrière, quitter mon travail d’éditeur de vidéos assis devant un écran et me diriger vers quelque chose de plus artisanal et artistique. Comme par hasard, je suis devenu voisin avec Ezahn, et quatre ou cinq mois plus tard, j’ai commencé à travailler avec lui dans le sous-sol sombre et froid d’une maison vieille de plus de cent cinquante ans.
Comment avez-vous choisi le nom de vos instruments? Racontez-nous l’histoire…
Ezahn : Le nom AsaChan vient du mot thaïlandais « อัศจรรย์ » qui se traduit par « miraculeux ». C’est le premier mot qui m’est venu en tête lorsque j’ai réussi à fabriquer le premier AsaChan de bonne qualité. Tous les modèles sonores d’AsaChan ont des noms comme AnnaZiska, ChanDhra, TaleySai, LalanTa, SaBye, AmaRa, YshaSavitah, JaiLoy, SahaRah, MahaRah, LidaBella, NadiaLisa et d’autres encore…
Flavio : Quand nous avons décidé de créer un instrument plus petit, c’était à moi de choisir le nom. J’ai donc repris l’idée d’Ezahn et j’ai choisi la langue native du Brésil, Tupy Guarany, pour trouver le nom. MiRim signifie « petit ».
Qu’aimez-vous le plus dans le handpan et la communauté qui l’entoure?
Ezahn : J’aime le concept minimaliste du handpan. J’adore le fait que 7, 8 ou 9 notes qui forment un cercle puissent toucher si profondément les personnes, et en même temps, c’est accessible à tout le monde. Le handpan a un son caractéristique et unique comparé aux autres instruments de musique.
Valerio : Le phénomène du handpan s’accroît tous les jours, mais ceux qui gardent vivant cet esprit de famille sont présents dès le début. Ça m’a permis de quitter une mauvaise situation personnelle. Je travaillais en tant qu’économiste à Turin et je détestais ça : je passais entre huit et dix heures par jour devant mon ordinateur portable et je n’avais plus de temps pour la musique. Je pense que je n’étais pas satisfait de ma vie durant ces quelques années, puis le handpan est venu changer tout ça pour le mieux.
Flavio : J’adore le processus de l’accordage et l’idée que je fabrique un instrument qui est toujours très jeune et qui a donc encore beaucoup de potentiel à développer. J’aime aussi l’idée qu’augmenter le nombre de handpans qui existent dans le monde peut le rendre quelque part un peu meilleur.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans la fabrication des instruments?
Ezahn : Former l’acier est tout un voyage et j’aime essayer de comprendre les liens entre les courbes géométriques. Le martèlement ressemble à une promenade méditative en forêt, et jouer de chaque AsaChan une fois fini, c’est comme toucher la personne que l’on aime.
Flavio : Le jeu entre le marteau, les fondamentaux et les partiels.
Valerio : C’est comme un miroir : tout ce qui nous influence ou qui nous touche dans la vie se reproduit dans la fabrication.
Quelles sont les valeurs que vous attribuez à votre travail?
Flavio : Depuis le début, le slogan d’EchoSoundSculpture est « fait avec amour et passion ». C’est simple quand on aime vraiment son travail. Je pense que l’amour est la base de toutes les valeurs nécessaires pour créer un bel instrument.
Ezahn : Je suis tout à fait d’accord avec Flavio.
Valerio : Moi aussi, à 100 %.
Quelle est votre création la plus récente et qu’est-ce qu’elle a de particulier?
Valerio : Le développement du 1,25 mm a pris du temps, mais nous sommes enfin sur le point de voir quelque chose de très prometteur. Pour le reste, je peux vous dire que, d’ici début 2019, nous espérons sortir un nouvel instrument complètement inconnu dans le milieu du handpan, mais qui pourra être considéré comme faisant partie de la famille.
Flavio : En 2018, nous avons travaillé autant que possible sur la profondeur des coques EchoSoundSculpture 1,25 mm et le résultat est une combinaison parfaite de résonance et de stabilité, avec un toucher “céramique”. Parallèlement à cela, avec le 1 mm, nous avons développé des gammes plus basses pour les AsaChan MiRim possédant une note centrale mi bémol et si bémol, afin de pouvoir les associer avec d’autres gammes d’AsaChan et créer un set chromatique.
Ezahn : Nous travaillons toujours activement au développement des matériaux d’EchoSoundSculpture pour avoir les meilleurs résultats.
Comment peut-on acheter l’un de vos instruments? Avez-vous une liste d’attente? des ventes flashs? Comment vous contacter à ce sujet?
Valerio : En ce moment, nous ne travaillons pas à partir d’une liste d’attente ; le seul moyen est de nous contacter par e-mail pour savoir lesquels de nos instruments sont disponibles. Cela changera bientôt (mais pour le moment, je garde ça pour moi :)).
Avez-vous une anecdote ou une histoire marrante à nous raconter liée au handpan?
Valerio : En 2014, quand j’ai acheté mon premier AsaChan, j’avais rendez-vous à Rupperswil pour le récupérer. Mais arrivé à la gare pour acheter mon billet de train, j’ai prononcé le nom de la ville à l’anglaise, transformant le « u » en « a ». Du coup, le gars m’a donné un billet pour Rapperswil, qui se trouve à 1 h 30 de Rupperswil. J’étais tellement content d’être le premier arrivé à la gare… avant de me rendre compte de l’erreur que j’avais commise !
Avez-vous une expression, un proverbe ou un principe en rapport avec le handpan?
Ezahn : Rester en bonne santé (physiquement, mentalement et sur le plan alimentaire) est très important pour avoir la concentration nécessaire à la fabrication d’instruments de bonne qualité.
Si vous étiez perdus sur une île déserte avec une seule gamme, laquelle choisiriez-vous :-)?
Ezahn : E LalaBye (E / A B C# E F# G# A B) [mi / la si do# mi fa# sol# la si]
Valerio : D-AmaRa (D / A C D E F G A C) [ré / la do ré mi fa sol la do]
Flavio : D-YasMinah (D / A C D Eb F# G A C) [ré / la do ré mib fa# sol la do]
Avez-vous des conseils pour quelqu’un qui voudrait se lancer dans la fabrication du handpan?
Ezahn : Chaque fois que tu fais une erreur, essaie de bien la comprendre pour ne pas la reproduire la prochaine fois.
Valerio : Amuse-toi en travaillant. Les résultats viendront. Essaie de ne pas compliquer les émotions : si tu penses que c’est un défi, tu vas te rendre la vie difficile pour rien.
Flavio : Concentre-toi sur la sculpture, la forme, et pas seulement sur le son. La bonne forme facilitera la tâche et améliorera le son. Si tu n’y arrives pas, fais une pause ; au début, l’accordage est comme une bataille, mais il faut réussir à le transformer en une danse.
Les gars, je vous adore ! Merci d’avoir pris le temps de me répondre, c’est génial de vous connaître un peu mieux et d’écouter vos histoires.
Merci pour la passion et l’amour que vous transmettez dans vos instruments. À très bientôt, les voisins 😀